La Sainte Famille

Le 21 juin 2016,

Chers amis,

C’est avec joie que je reviens vers vous en tenant tout d’abord à vous remercier pour le chaleureux accueil que vous m’avez réservé à l’occasion de cette visite pastorale. J’en suis reparti avec le cœur habité d’une espérance humble dans le Seigneur. C’est Lui qui  nous  a choisis et établis pour que nous allions et que nous portions du fruit. Lors des nombreuses rencontres, nous avons cherché à accueillir la réalité de vos paroisses et nous avons entrepris un premier travail de discernement pour entendre ensemble les appels que le Seigneur nous fait. Il y eut ces invitations à rendre grâce pour toutes les belles réalités vécues dans vos communautés. Il y eut aussi ces appels à engager des voies nouvelles pour la mission. Le temps a été court pour aborder chacun des sujets souhaités, mais l’important est d’avoir commencé et je souhaite que cette lettre puisse être une occasion parmi d’autres de continuer d’échanger entre nous. Comme le souligne le pape François dans «  la joie de l’Evangile » (N°15), l’action missionnaire est la source des plus grandes joies de l’Eglise. Ne perdons pas cette source !

C’est dans cette volonté d’être avec vous pour la mission, que je vous écris ces quelques lignes en vous faisant part des appels qui m’ont plus particulièrement marqués au cours de cette semaine passée chez vous.

Tout d’abord, je veux vous redire combien l’action de grâce a été très présente en moi au cours des visites. Je vous en donne rapidement  quelques  motifs sans que la liste soit exhaustive. Ils sont en fait très simples et peuvent vous paraître tellement naturels. Vous serez peut-être étonnés que cela puisse faire monter mon action de grâce. Je pense notamment aux très belles réalités humaines vécues chez vous, à travers l’IME et l’IMP que j’ai eu beaucoup de plaisir à visiter. Il y a là un réel trésor d’expérience et d’engagement auprès d’enfants et de jeunes différents, que le cadre scolaire classique peine à intégrer. Pour eux, comme pour vous tous, les Vosges offrent ce cadre magnifique qui invite à la paix même lorsque la vie montre des jours difficiles. Lors de la rencontre avec les jeunes du doyenné, j’ai goûté et apprécié, non seulement les crêpes partagées avec eux, mais aussi leurs souhaits et leurs demandes pour être soutenus dans leur vie de foi. J’en retrouverai plusieurs dans quelques semaines pour la confirmation et j’aurai l’occasion de leur redire combien nous nous réjouissons de leur chemin. Le prieuré des frères à Chauveroche a souvent été cité comme un repère sûr, comme un phare sur la montagne et je me réjouis de vous voir reconnaître le don qui vous est fait par leur communauté contemplative et priante. Je rends grâce pour l’engagement fidèle de beaucoup d’entre vous au service de la paroisse, pour le témoignage de reconnaissance souvent répété  envers les laïcs qui donnent de leur temps pour accompagner les familles en deuil et conduire une célébration de funérailles. Enfin, j’ai été touché, et même émerveillé, par les jeunes parents qui se risquent chez vous à porter la catéchèse et la transmission de la foi pour leurs enfants et ceux des autres familles. Tout cela, parmi bien d’autres faits, contribue à nous encourager, vous comme moi. Et je rends grâce à Dieu de ce qu’il continue de faire naître au cœur de nos fragilités. C’est le point d’appui d’une confiance bien mystérieuse qui ne doit jamais nous quitter. Le Seigneur est là, au milieu de nous.

Au long de nos échanges, nous avons aussi perçu de nombreux appels ou, pour reprendre l’expression utilisée lors de la célébration d’action de grâces, ouvert de nombreuses portes. Il s’agit maintenant de se laisser travailler par ces paroles qui nous ont interpellées, et qui peut-être résonnent aujourd’hui dans nos cœurs comme des appels du Seigneur. Là aussi, la liste n’est bien sûr pas exhaustive et vous pourrez la continuer vous-mêmes au niveau de chaque paroisse. Pour une plus grande facilité de lecture, j’ai regroupé en trois secteurs les interpellations sur lesquelles je souhaite que vous puissiez continuer de travailler :

1 – Les paroisses comme
«  une fontaine au cœur du village ».

L’expression est de Saint Jean XXIII. Elle illustre bien la vocation qu’une paroisse doit toujours avoir à l’esprit. Si elle désigne une source, c’est bien pour que tous puissent venir s’y désaltérer. Nous avons souvent échangé sur votre désir de rejoindre le plus grand nombre. S’il est bon que la communauté chrétienne veille à nourrir  ses membres selon leurs besoins, il nous faut toujours garder à l’esprit notre vocation missionnaire, accueillante à tous. Sur votre doyenné, le prieuré de Chauveroche illustre bien cette double mission. Pour vivre abondamment la mission, il ne s’agit pas tant d’être nombreux qu’ensemble être désireux de rendre l’Evangile accessible au plus grand nombre. Vous avez la chance d’avoir un diacre dans votre doyenné, qui doit vous y rendre attentif par sa mission.  Vous verrez là de nombreuses implications concrètes. Voici celles qui me sont apparues lors de la visite.

• Comprendre notre monde pour y accueillir le travail de l’Esprit Saint qui nous précède.  Au cours de cette visite pastorale, j’ai apprécié de pouvoir approcher l’activité sociale, associative et économique de votre doyenné, en rencontrant les personnes qui s’y investissent. Avec ceux qui m’accompagnaient, nous nous sommes souvent redit combien ces échanges sont précieux pour nous permettre de comprendre les préoccupations, les angoisses, et les espérances de notre monde. La paroisse n’est pas une bulle isolée. Si nous voulons transmettre l’Evangile, il nous faut percevoir et mieux comprendre le monde dans lequel nous sommes envoyés. Rien de ce qui intéresse l’homme n’est étranger à Dieu. Lors d’une assemblée paroissiale, il a été demandé des formations sur les grandes questions d’actualité qui traversent notre monde : le travail, l’interreligieux, l’écologie, …etc. Les jeunes m’ont aussi fait part d’une demande similaire. Peut-être y-a-t-il là un axe pastoral à développer ? 
• Nos belles églises comme des portes ouvertes au passant. J’ai pu découvrir au cours de la semaine, la plupart des églises ou chapelles dans lesquelles vous officiez. Elles sont belles et il est facile de percevoir en chacun des lieux combien elles comptent non seulement pour vous paroissiens habituels, mais aussi pour l’ensemble des habitants. J’ai eu l’occasion de remercier les maires lors de notre rencontre. Les efforts conséquents des municipalités sur le bâti et l’extérieur se joignent à vos efforts de paroisses pour l’entretien intérieur.  Il s’agirait aussi de trouver en partenariat avec les municipalités des solutions réalistes pour permettre aux passants de s’arrêter et de profiter de ces lieux. Certaines de vos communes sont organisées en ce sens. D’autre part, nous avons aussi évoqué en l’une ou l’autre la possibilité d’envisager la répartition des cultes autrement qu’en un tour régulier des clochers. D’autres organisations  pourraient en effet être envisagées qui tiennent compte plutôt de la nature des célébrations et du potentiel offert par les églises.
• Une communauté paroissiale accessible, qui se rassemble pour l’Eucharistie. Nous avons plusieurs fois évoqué la communication et la lisibilité des célébrations. Chaque paroisse est une communauté chrétienne à part entière, et il est important qu’elle puisse s’organiser selon ses propres besoins. Chacune a son rythme propre de fêtes, de temps forts. Parmi ces temps forts, L’Eucharistie dominicale est un temps essentiel pour construire la communauté parois-siale. Permettre à chaque curé de pouvoir la célébrer demande sans doute à ce que la messe du samedi soir compte parmi les propositions.  La vie en doyenné vise d’abord un travail de communion et de soutien entre les paroisses, et non pas d’abord l’organisation de leurs rythmes. Celle-ci  doit  être conduite au niveau paroissial. Cela en facilitera la lisibilité et la communication pour tous ceux qui voudraient rejoindre l’assemblée, selon la configuration de chacune des paroisses.

2 – La participation à la vie de la paroisse, une mission confiée et reçue.

Un deuxième axe d’appels entendus au cours de la semaine concerne les missions confiées et reçues par beaucoup d’entre vous pour que les paroisses vivent. Je voudrais qu’ici, chaque membre d’équipe pastorale ou d’accompagnement se sente vraiment remercié pour ce temps donné au service du bien de tous. Il est très précieux. Depuis ses débuts, l’Eglise vit ainsi, de l’engagement missionnaire que le Seigneur a déposé dans nos cœurs de baptisés. La lettre de mission que nous avons tous reçue est celle de notre baptême. Mais il peut arriver que nous recevions aussi mission de l’Eglise pour tel ou tel service précis. Cette mission est alors fixée dans le temps et les échéances sont importantes à tenir, pour que chacun garde bien conscience d’une mission spécifique, confiée par l’Eglise pour un temps donné.  Cet aspect des lettres de mission confiées par l’Eglise nous invite ainsi à nous remettre régulièrement dans la foi en Dieu, qui est le seul maître de la moisson, et qui continuera d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Il sait que la moisson est abondante…

• En paroisse, reprendre conscience de la mission de l’Equipe d’Animation Pastorale (EAP). Cet aspect des lettres de mission touche en effet plus particulièrement les membres de ces équipes. Il est bon en chacune d’elles de refaire le point sur ces échéances et envisager comment mettre la communauté paroissiale en situation de discerner les personnes qu’il faudrait appeler pour ce service de l’animation missionnaire de la paroisse. A l’automne prochain,  un document sera proposé à toutes les paroisses pour décrire une procédure diocésaine de ces appels à conduire régulièrement.
• S’entraider et se soutenir dans l’engagement missionnaire. La rencontre des catéchistes et parents d’enfants catéchisés a mis en lumière l’importance de l’accompagnement lorsqu’une mission est confiée. Certains se sont avancés par deux, étant ainsi assurés de pouvoir échanger. C’est là un réflexe qui peut trouver un enracinement dans l’Evangile lorsque le Seigneur envoie ses disciples deux par deux… Ce peut être une bonne idée aujourd’hui, lorsque les plus jeunes craignent de manquer d’expérience et que les plus anciens portent seuls le poids de la mission. A plusieurs reprises, cette perspective de s’engager à deux a été envisagée au cours de la semaine. Elle peut ouvrir des nouveaux chemins d’appels.
• La paroisse doit demeurer un signe d’attention et de proximité du Christ. Des habitants de nos communes ont plus besoin  d’accompagnement que d’autres en raison d’un isolement ou d’une épreuve à traverser. Sur le doyenné, existent ainsi deux belles maisons de retraite dans lesquelles les résidents ont la chance d’être visités et de pouvoir célébrer. Je m’en réjouis beaucoup. Il y a aussi beaucoup de personnes isolées, à domicile. Cela demande un soutien particulier de la paroisse. Je pense notamment au Service Evangélique des malades, qu’il conviendrait de mettre en place là où il n’existe pas encore. Je pense aussi à l’accompagnement des familles en deuil, bien mis en place, qu’il s’agit de soutenir. Ce sont des services qui demandent du temps en raison de l’accompagnement nécessaire. Des laïcs ont là une mission particulière à recevoir. Ils  n’y remplacent pas le prêtre, comme certains le craignent; au contraire, il s’agit de  travailler la nécessaire et belle complémentarité entre prêtres et laïcs, pour une annonce de l’Evangile qui puisse se dire totalement.

3 – quelques projets concrets qui forgent la communion

La communion entre tous ne s’établit véritablement que lorsque des projets sont portés ensemble. Vous avez eu déjà à le constater bien souvent. Cette visite pastorale m’a fait entendre quelques projets sur lesquels vous souhaitiez avancer. Je les énonce ici simplement pour en garder mémoire et poursuivre le travail de discernement sur chacun d’eux:

• S’informer et communiquer au-delà des cercles restreints. Plusieurs assemblées ont mis en lumière un travail à faire sur la communication, pour que chacun soit informé au mieux des décisions et des projets conduits par les Equipes d’Animation Pastorale, mais aussi par tout groupe porteur d’initiatives nouvelles. C’est un chantier qui peut prendre bien des tournures évoquées lors des débats: soutenir et développer les moyens existants de communication ; en imaginer d’autres à l’échelon paroissial ; envisager une manière pour les EAP de rendre compte de leur mission…etc.
• Initier un temps de rencontre trimestriel pour les jeunes en doyenné. Les jeunes ont exprimé leur désir de se retrouver de temps en temps à l’échelle du doyenné. Il a été envisagé l’organisation d’un Week-End trimestriel au prieuré de Chauveroche, pour tous les âges, et notamment pour les 4èmes - 3èmes, qu’ils soient soutenus dans leur cheminement de foi et puissent ainsi s’ouvrir au sacrement de la confirmation.
• Développer la conscience de l’engagement œcuménique. La commission œcuménique m’a fait part des rencontres régulières organisées depuis 50 ans (!!), en raison de l’histoire de Giromagny notamment. C’est une fidélité riche d’enseignements et d’espérance dans ce long et patient travail vers l’unité que nous désirons. Avancer avec fraternité, prière, et formation, est une des tâches prioritaires pour notre diocèse, compte-tenu de son histoire. Cet engagement œcuménique pourrait être travaillé et enrichi en  chacune de vos paroisses en vous appuyant sur cette commission présente depuis longtemps dans votre doyenné.
• S’appuyer sur les mouvements pour une action concrète. Les mouvements ont souhaité mettre en place une action qui puisse fédérer et apprendre à se connaître. Cela pourrait être une action à conduire en doyenné.
• Se réinterroger sur la pertinence d’une chorale. Les chorales qui existaient auparavant dans les paroisses ont souvent favorisé la communion. Elles ont aussi été parfois des lieux de tension et d’épreuves. Le temps a suffisamment passé pour que soit relue l’expérience et, pourquoi pas, initier la naissance de nouvelles chorales paroissiales, à condition qu’elles soient au service de la communion.
• Proposer des formations communes: j’ai souligné plus haut l’appel à se former ensemble sur des sujets d’actualité pour les analyser et les comprendre à la lumière de l’Evangile.  J’ai aussi entendu  à d’autres reprises l’appel à une formation fondamentale de la foi, la chance de participer à tel ou tel groupe d’échange déjà bien présent dans vos paroisses. Un cycle local de formation d’adultes serait-il envisageable ?
• Trouver des modes nouveaux pour habiter l’échelon paroissial, sans pour autant désinvestir la communion en doyenné. Comme je vous l’ai annoncé, les changements de curés à la rentrée vous conduiront à revoir votre fonctionnement. C’est une belle occasion d’enrichir encore la proximité de votre témoignage.

Voilà les réflexions que je suis heureux de vous partager à l’issue de cette visite pastorale. Je vous redis ma reconnaissance pour le temps que vous avez consacré à cette visite pastorale, et mon espérance pour la mission chez vous. Confions au Seigneur ce qu’Il nous inspire patiemment pour que le plus grand nombre puisse entendre l’Evangile et connaitre son Amour.

Soyez assurés de ma prière  pour vous. Je compte sur la vôtre pour moi, et le diocèse.

+ Dominique Blanchet
Evêque de Belfort-Montbéliard

INSTITUT  PERDRIZET de GIROMAGNY

La miséricorde ne mérite pas d'être louée seulement à cause de l'abondance des bienfaits, mais quand elle procède d'une pensée droite et miséricordieuse. Il y a des gens qui donnent et distribuent beaucoup mais qui ne sont pas tenus pour miséricordieux devant Dieu, et il y a des gens qui n'ont rien, qui ne possèdent rien, et qui ont pitié de tous dans leur cœur. Ceux-ci sont considérés devant Dieu comme de parfaits miséricordieux, et ils le sont en effet. Ne dis donc pas : « Je n'ai rien à donner aux pauvres » ; ne t'afflige pas en croyant qu'à cause de cela tu ne peux pas être miséricordieux. Si tu as quelque chose, donne ce que tu as ; si tu n'as rien, donne, ne serait-ce qu'un morceau de pain sec, avec une intention vraiment miséricordieuse et cela sera considéré devant Dieu comme la miséricorde parfaite. 


Notre Seigneur n'a pas loué ceux qui jetaient beaucoup dans le tronc des offrandes ; il a loué la veuve pour y avoir mis deux piécettes qu'elle avait prises de son indigence, avec une pensée droite, pour les jeter dans le trésor de Dieu. C'est l'homme qui a pitié de ses semblables dans son cœur qui est réputé miséricordieux devant Dieu ; une intention droite sans effet visible vaut mieux que beaucoup d'œuvres éclatantes sans intention droite.

Notre pays vient d'être touché par des actes d'une violence effroyable. Alors que nous venons de commémorer l'armistice du 11 novembre, ces évènements tragiques nous rappellent combien  la Paix s'impose difficilement en notre monde. En ce dimanche  où nous nous laissons rejoindre par le Prince de la Paix, nous savons qu'elle ne peut survenir que par la conversion de nos coeurs. Nous savons que seul le bien est vainqueur du mal. En ce premier jour de la semaine, confions au Seigneur  tous nos efforts personnels sur nos lieux de vie pour qu'une culture de Paix s'établisse définitivement. Demandons-lui instamment ce don de la Paix pour nous et pour les familles si durement éprouvées par la perte de leurs proches dans ces attentats. 

> + Dominique Blanchet
> Evêque de Belfort-Montbéliard" 
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